– Découvrir Entraygues-sur-Truyère –
HISTOIRE
La présence humaine au confluent du Lot et de la Truyère se perd dans la nuit des temps. La présence d’une cité gauloise puis gallo-romaine a été attestée par des fouilles, des ouvrages historiques et par la toponymie.
Les 10ème, 11ème et 12ème siècles constituent une période de prospérité pour Entraygues (ville fortifiée très puissante, magnifique église de type ogival à Saint-Georges, nombreuses maisons du même style). La société du pays est alors de type occitan – méditerranéen (fortement démocratique : droits individuels, élections de consuls, rôle prépondérant de la Communauté des habitants). Le développement économique permet le développement d’une large couche de chevaliers, comme à Nîmes ou à Carcassonne.
Le progrès de la ville est cassé par les guerres liées à la croisade des Albigeois. Les comtes de Rodez y prennent pied dans la seconde moitié du 13ème siècle, suite à la répression de la famille d’Entraygues. De 1278 à 1282 ils se font construire un grand château. Leur volonté d’imposer un système féodal classique est bloquée par les habitants. En 1292 le comte Henri II de Rodez reconnaît « les droits antiques » des membres de la communauté des habitants.
Durant les 14ème et 15ème siècles, la féodalité s’installe de plus en plus dans le mandement. Une nouvelle prospérité économique se fait jour avec une apogée au 16ème siècle, particulièrement pour la viticulture, la navigation et le commerce des coustoubis.
Les Guerres de religion de la seconde moitié du 16ème siècle stoppent à nouveau le développement d’Entraygues.
Les 17ème et 18ème siècles sont marqués par :
- le rôle clef des comtes de Montvallat installés au château,
- une évolution oligarchique du consulat,
- des hauts et des bas (graves inondations, destruction de l’église de St Georges…).
Au 19ème siècle : la navigation sur le Lot cesse de façon importante à partir de 1835 (naissance de l’île du Lot par ensablement). L’église actuelle est construite. La viticulture connaît une grave crise suite à plusieurs maladies de la vigne.
Bibliographie locale :
Bosc Z. : les gabarriers du Lot, édition du Grelh Roëgas, 1997
Cassagnes R. : « le canton d’Entraygues » : Entraygues aujourd’hui, 1986
Delmas J. : « histoire du canton d’Entraygues », 1986
Ginisty A : histoire d’Entraygues-sur-Truyère, imprimerie Garnier et Cie, Saint-Maixent-l’Ecole, 1933
Izac-Imbert L. : l’occupation humaine de la vallée du Lot et de ses affluents à la fin de l’âge du fer, Entraygues-sur-Truyère, rapport de prospection thématique, 1996 (dossier communal du SRA)
Jany C. : « Entraygues a-t-elle reçu la visite d’Henri IV ? » 1933
Jany C. : « en marge de l’histoire d’Entraygues-sur-Truyère de M. L’Abbé Ginisty », 1934
Momméja F. : souvenirs de mon enfance (1875-1885), Editions de la Cité, Rodez , 1949
Serieys B.-H. : le chant des rivières : souvenirs d’un Entraygol, imprimerie Rémy et Canitrot, Rodez, 1991
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PATRIMOINE
Entraygues ville fortifiée
La cité d’Entraygues a été pourvue d’un rempart et de tours bien avant la construction du château. Elle est caractérisée avant l’an mille de « munitissimum castrum », c’est-à-dire ville fortifiée (castrum) disposant d’ouvrages défensifs très puissants (munitissimum).
Du 10ème au 17ème siècle quelques barrières ont été construites pour arrêter les assaillants :
- Les rivières entouraient complètement la ville, une partie de la Truyère étant déviée aux Peyssieyres et descendant vers le quai du Lot par Lidove (les douves, actuel faubourg de Truyère). Près de la Place de République, un fossé complétait le dispositif jusqu’à la Truyère.
- Immédiatement derrière les rivières venait le Tour de Ville, chemin de ronde extérieur.
- Une à deux fausses braies (selon les secteurs) constituait les murailles avancées.
- Deux grands portails fortifiés protégeaient l’entrée dans la ville, l’un vers le Quai du Lot dans le « quartier bas » (lo portal daval) et l’autre vers le pont de Truyère dans le « quartier haut » (lo portal damont).
- Entre les rivières et le rempart, des jardins entouraient la ville (les ortalisses côté Truyère).
- Le rempart (l’empara) comprend des parties anciennes d’environ 90 cm de largeur et des parties récentes (12ème siècle) plus puissantes (120 à 125 cm)
- Une douzaine de tours garnissait la ligne de défense du rempart, certaines anciennes (comme la Tour d’Iot), d’autres plus récentes (tour Descombels).
- En haut du rempart, un chemin de ronde couvert (toit) protégeait les défenseurs. De grosses pierres et des corbeaux dépassaient de chaque côté du rempart pour porter les étais en bois. Sur tout le côté ouest longeant la Truyère, ce dispositif vieilli a brûlé en 1881.
- A l’abri du rempart un chemin de ronde intérieur faisait le tour de la ville (l’escorsièra).
- Des tours et autres bâtiments défensifs, situés actuellement dans le bourg, faisaient partie des fortifications plus anciennes.
La citadelle et le château
La citadelle (autour du château) constituait le secteur le mieux défendu de la ville, comme l’atteste Olivier de Serres.
Cette citadelle possédait son propre fossé et ses propres retranchements, y compris face à la ville pour le cas où celle-ci serait prise. La ligne de défense rejoignait le rempart au niveau de la maison Brouzes sur la Bédisse, longeait la rue basse pour atteindre la Tour d’Iot.
Au confluent, la citadelle comprenait trois donjons. Le plus volumineux (servant aux réunions consulaires et aux archives communales) a été brûlé à l’initiative du Comte de Montvallat en 1654. La commune a engagé sans succès une action en justice pour cet acte.
Le grand château, édifié par le Comte de Rodez entre 1278 et 1282, se situait probablement entre l’actuel château et la Bédisse. Son rasement a été ordonné au début du 17ème siècle.
Jehan de Valette, se considérant héritier légitime, a engagé des poursuites afin de conserver les pierres.
Les ponts d’Entraygues
L’histoire d’Entraygues est liée aux points de franchissement des rivières :
- Un, en aval du confluent, se situait à la Molle, Anterrieu (le grand gué) puis Brivadès (bourg du Pont, en celte), enfin Roquepaillol (repaire fortifié du pont).
- Un, en amont, sur la Truyère (bac ou pont), environ 20 mètres en aval de l’actuel pont de Truyère.
- Un, en amont sur le Lot, nommé Rillos (de Ritoiaolos, bourg du gué), de la rive du Moulin d’Olt à un ancien village sous Laplagne.
Les deux ponts actuels datent du 13ème siècle. La construction de celui sur la Truyère s’est échelonnée de 1237 à 1277. Son achèvement a été permis par Jean de Sully, évêque de Bourges. Il était protégé par une grande tour carrée sur chaque rive, une tour centrale, plus les fortifications du village sur la rive gauche.
Plusieurs textes nous montrent l’importance de ces ponts : ainsi celui qui est sur le Lot est réparé en 1524 et les deux restaurés à grands frais en 1680.
En 1344, fut entreprise la construction du pont dit « de Fons de Gol », près du confluent du Goul et de la Truyère. Ces deux travaux sont à l’origine de la route vers Mur-de-Barrez par la rive droite de la Truyère. Auparavant, la route passait par Montézic, Vallon et Valcaylés.
En 1388, le comte d’Armagnac fit couper le pont d’Entraygues pour empêcher le passage des routiers.
La passerelle vers le terrain de sports a été initiée par Paul Ramadier (Président du Conseil) en remerciement de l’avoir caché pendant la seconde guerre mondiale.
La Porte Valette
Portail du 16ème siècle en bois de noyer, à 2 heurtoirs (1 pour les piétons, 1 pour les cavaliers)
L’hôpital
Il était situé à l’emplacement de l’actuelle école publique, du passage Monseigneur Lacroix et du Presbytère. La tradition orale d’Entraygues fait remonter cette institution au moins au 12ème siècle. Les premiers documents actuellement attestés (testament de Déodat de Laparra) datent de la fin du 14ème siècle.
Trois arguments plaident en faveur du 12ème siècle :
- La prospérité du mandement d’Entraygues à cette époque ;
- Son lien aux pèlerinages de St Jacques de Compostelle (les pèlerins y étaient logés et nourris gratuitement durant 3 jours) ;
- Son médecin le plus illustre, Jean de Tournemire, quitta Entraygues pour l’Université de Montpellier avant le testament de Déodat de Laparra.
Cette famille de Tournemire habitait Entraygues. C’est de son sein qu’est né Jean de Tournemire, l’un des professeurs les plus renommés de l’Université de Médecine de Montpellier à la fin du XIVème siècle et au commencement du XVème siècle. Ses contemporains le considéraient comme l’un des médecins les plus savants et les plus habiles de son temps, dit Astruc dans son histoire de l’Ecole de Montpellier. Certains auteurs lui décernent dans son ancien catalogue d’illustrations médicales le titre de « Doctor Splendidus ». Il devint chancelier de l’Université. En 1401, il était investi de cette dignité.
Jean de Tournemire écrivit plusieurs ouvrages de médecine. Le principal est une traduction du texte arabe du neuvième livre de Rhasis à Almansor, enrichie de nombreux et curieux commentaires. Le « Doctor Splendidus » ne le publia qu’après dix-neuf ans de son enseignement et pendant l’exercice de son décanat. Ce volume renferme, en 96 chapitres, une pratique générale sur toutes les maladies.
Un autre médecin de l’hôpital a laissé une trace historique impérissable. Il s’agit d’Urbain Hébrard, auteur du premier livre spécifique de dentisterie au monde.
Le port
Le commerce des merrains, le flottage sur le Lot et la Truyère, la navigation sur le Lot en aval provoquèrent l’établissement d’un port sous le château, avec des quais, et surtout d’un chantier de construction de gabarres.
On connaissait la hauteur favorable à l’embarquement, quand l’eau couvrait un grand rocher à l’’embouchure de la Truyère.
Le collège
fondé après le Concordat par l’abbé Carrière, vicaire à Entraygues, et établi dans l’ancien couvent des Ursulines. Il cessa en 1845.
Le couvent des Ursulines
fondé et 1670-1679 par le comte de Montvallat avec le consentement de Mgr. de Paulmy, évêque de Rodez, de la ville d’Entraygues et du Roi. Cette communauté fut, à l’origine, détachée du couvent des Ursulines d’Espalion.